Rendre la justice à la satisfaction de tous paraît une tâche impossible. Pourtant, un Cadi se flatte d’y parvenir. Son secret ? Il consiste à faire avant chaque audience un excellent repas préparé par Sidi Amar, un maître cuisinier. Après quoi, le Cadi avoue à son clerc que la gazelle à laquelle ils viennent de faire beaucoup honneur a été volée par Sidi Amar à son profit. À quoi bon protester ! Le Cadi peut résister à la corruption de l’or, pas à celle d’un plat appétissant. C’est son point faible. Sur ces entrefaites, arrive… Sidi Amar, poursuivi par le chasseur auquel il avait dérobé la gazelle. Dans sa fuite, il a renversé un estropié qui prétend avoir quatre côtes cassées, un tailleur dont la femme a perdu dans sa chute les plus douces et légitimes espérances et un bûcheron auquel il a voulu prendre l’âne pour s’enfuir. Bref, une situation impossible où Sidi Amar mériterait cent fois le cachot. Mais le Cadi est aussi redoutable dialecticien que fin gourmet. Lorsque le bûcheron viendra déposer sa plainte, il renoncera à soutenir une cause que le chasseur, l’estropié et le tailleur ont perdu avant lui.